Même si la valorisation d’une PME ne présente pas de sciences exactes, ceux qui souhaitent céder leur société peuvent se servir de nombreux critères pour négocier le tarif de la transaction sur des bases objectives.
Le dirigeant des Transports Favrie propose des arguments solides afin de vouloir vendre sa PME spécialisée dans les primeurs à 1,5 million d’euros. Parmi les arguments du patron cédant figure le fait que la compagnie centenaire est rentable puisqu’avec 2 millions d’euros de chiffre d’affaires, elle réalise 220 000 € de bénéfices. Autres atouts à faire valoir, des clientèles de marque comme Leclerc, Ed et Carrefour, une localisation stratégique située à proximité du marché national de Rungis.
Malgré tous ces arguments, le repreneur de la PME Cédric Rémy a utilisé différentes tactiques pour réduire le montant initial de la vente à 300 000 €. À 32 ans, ce diplômé d’un IUP en gestion a invoqué les ratios pratiqués dans le secteur afin de diminuer le montant réclamé par le patron. Le repreneur de la compagnie a également exploité la dimension affective du cédant en le rappelant qu’il n’avait pas d’enfant pour lui succéder puis il a également joué sur le facteur temps. C’est ainsi qu’après 6 mois d’âpres négociations, il a fixé son prix final et a proposé un montant à prendre ou à laisser.
Comment faire une première estimation ?
Les secteurs d’activité possèdent leurs ratios d’évaluation qui leur sont propres. Il s’agit généralement d’un multiple du chiffre d’affaires ou un multiple du bénéfice net de la compagnie. Ainsi, le montant pour reprendre un restaurant équivaut en moyenne à 120 % du chiffre d’affaires annuel lorsqu’il est situé dans un quartier cosy de Paris. En ce qui concerne la reprise d’une entreprise de services informatiques en pleine croissance, le montant de la transaction peut atteindre jusqu’à 15 fois son bénéfice annuel. Consulter le barème indicatif publié annuellement par le cabinet Francis Lefebvre si on souhaite connaître le montant des fonds de commerce. L’estimation du prix de vente des autres affaires s’obtient en se référant aux moyennes sectorielles des compagnies cotées. Il faudra toutefois appliquer une décote en prenant compte de la taille de l’entreprise.
Étudier les comptes afin d’évaluer le prix de la transaction
Les repreneurs qui ont accès à l’intégralité des comptes des sociétés qu’il envisage d’acquérir ont le choix parmi 2 techniques d’évaluation. La première méthode s’intitule l’approche patrimoniale. Il s’agit d’estimer l’actif de l’entreprise cédée afin de déduire la valeur des dettes. Au cours de son évaluation, il faut être prudent concernant la valeur des stocks. La 2e méthode s’adapte davantage aux sociétés en fortes croissances. Il s’agit de s’intéresser aux flux financiers puis construire un business plan en évaluant les flux de trésorerie dont génère l’activité dans 5 voire 10 ans. Quelle que soit la méthode appliquée, on n’échappe pas au côté subjectif lorsque l’on évalue le savoir-faire de la société, l’importance de la clientèle ou encore la position concurrentielle de l’entreprise.
Quels sont les facteurs qui peuvent être négociés ?
Lorsque l’on entreprend une vente d’entreprise, le montant de la transaction n’est pas l’unique donnée à débattre lors des négociations. Selon François Lucas qui est connu pour être le repreneur de la marque de fabricants de vélos Intercycles, il a fallu patienter 7 mois de pourparlers après avoir trouvé un accord sur le montant de la cession. Durant cette période, il a fallu négocier les conditions suspensives de financement afin d’éviter toute poursuite dans le cas où un établissement bancaire décide de ne pas accorder le prêt après avoir envoyé une lettre d’engagement.
Les repreneurs et le cédant peuvent aussi négocier sur le périmètre de la reprise. Selon Emmanuelle Bayard Myon, celle qui a racheté la maroquinerie Activlogo a décidé de ne racheter que le fonds de commerce de la compagnie. La femme de 44 ans n’a acquis que les stocks, la marque, le brevet et la clientèle afin de limiter les risques juridiques relatifs à la reprise de l’intégralité de l’entreprise. L’opération de Jean-Baptiste-Dusart, celui qui a racheté la compagnie de chaudronnerie Erm’s implantée dans l’Eure a décidé d’inclure une clause dite « earn out » afin de simplifier le transfert de l’entreprise. Ce système autorise un étalement de paiement. Selon le repreneur, cette pratique permet de ne pas avoir à surpayer la compagnie dans le cas où les comptes se détérioraient. Le cédant à autoriser le repreneur à payer la première moitié du montant total de l’entreprise lors de la signature puis réaliser le paiement de l’autre moitié en prélevant sur les prochains résultats.
Choisir d’associer les salariés pour réaliser la reprise de la compagnie
Le souci lorsque l’on réalise une cession d’entreprise est que rien ne garantit que les employés restent fidèles à la société après le départ de leur ancien patron. Emmanuelle Bayard Myon a connu cette mésaventure au moment où il a repris sa société Activlogo. Les 3 mécaniciens de la compagnie ont démissionné et la chef d’entreprise s’est retrouvée à diriger une société en recommençant presque à zéro.
La solution pour éviter ce problème consiste à associer à la compagnie les travailleurs qui possèdent une compétence clé. Le repreneur de Side, un distributeur international de livres, précise quant à lui que l’on peut rencontrer les employés et évaluer leur réelle compétence qu’une fois que la transaction réalisée.
Les précautions qu’il faudrait prendre lors de la signature du contrat de cession
Quand on décide de reprendre une société, il est recommandé de se faire accompagner d’un avocat expérimenté ainsi qu’un expert-comptable. Même si cet investissement coûte entre 25 000 et 30 000 €/an, il s’agit d’une assurance non négligeable pour une telle opération. Le montant évoqué inclut des déplacements sur site, les acquisitions et le déjeuner des prestataires. Ces spécialistes sont très utiles lorsque l’on négocie la garantie des passifs qui seront mentionnés dans le contrat de vente de la compagnie. La garantie des passifs doit être rédigée en bonne et due forme pour éviter les mauvaises surprises.
La souscription d’une assurance sur le risque social incluse dans la garantie de passif permet de pénaliser l’ancien propriétaire dans le cas où une action aux prud’hommes est intentée sur des actions accomplies avant le transfert de la compagnie. Cette garantie permet entre autres de se protéger contre les tentatives de sabotage ou les mauvaises actions réalisées par le cédant. Il peut s’agir d’une pollution des sols, des actions de fraude au fisc ou du harcèlement d’une secrétaire dont les faits remontent à plusieurs années avant la transaction.