Quels risques sont couverts par une prévoyance collective ?

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La prévoyance collective est une forme de protection sociale pour les salariés en France. Mise en place par les entreprises, elle vise à compléter les prestations de la Sécurité sociale en cas d’événements graves affectant la vie du salarié. Pour répondre aux aléas de la vie professionnelle et personnelle, il faut d’abord connaître les risques couverts par ces contrats et comment ils peuvent préserver le niveau de vie des employés et de leurs familles. Pour cela, examinez les garanties proposées par la prévoyance collective et leurs implications pour les salariés français.

Principes fondamentaux de la prévoyance collective en France

La prévoyance collective repose sur un principe de mutualisation des risques au sein d’une entreprise ou d’une branche professionnelle. Ce système garantit une couverture étendue à l’ensemble des salariés, indépendamment de leur état de santé individuel. Les contrats de prévoyance collective sont généralement négociés entre l’employeur et les représentants du personnel, ou définis par des accords de branche.

Ce dispositif a un caractère collectif et obligatoire, ce qui permet à tous les salariés d’une même catégorie professionnelle de bénéficier d’une protection sociale renforcée. De plus, le financement est partagé entre l’employeur et le salarié, ce qui rend ces garanties financièrement plus accessibles que celles proposées par des contrats individuels. La prévoyance collective est encadrée par un cadre juridique rigoureux, notamment par la loi Evin de 1989, qui garantit la portabilité des garanties pour les anciens salariés, et par les dispositifs issus de l’Accord National Interprofessionnel (ANI) de 2013, qui ont renforcé l’obligation de couverture santé en entreprise. Ces textes définissent les obligations des employeurs en matière de couverture sociale complémentaire et encadrent les modalités de mise en place et de fonctionnement des régimes de prévoyance.

La prévoyance collective constitue une protection sociale, apportant une sécurité financière aux salariés en cas d’aléas de la vie et renforce l’attractivité des entreprises qui la mettent en place.

Garanties décès et perte totale et irréversible d’autonomie (PTIA)

La prévoyance collective couvre certains risques lourds, parmi lesquels le décès et la perte totale et irréversible d’autonomie (PTIA). Ces garanties ont pour objectif d’assurer un soutien financier aux proches du salarié concerné par un décès prématuré ou une invalidité particulièrement grave.

Capital décès et rentes de conjoint survivant

Lorsqu’un salarié décède, un capital peut être versé aux bénéficiaires désignés. Ce capital, souvent calculé en pourcentage du salaire annuel brut, varie selon les dispositions contractuelles et les conventions collectives. Il permet de compenser une perte de ressources et d’accompagner les proches dans la prise en charge des premières dépenses.

En complément, certains dispositifs prévoient le versement de rentes destinées au conjoint survivant. Ces versements périodiques visent à maintenir, en partie, les conditions de vie antérieures. Leur durée peut être limitée dans le temps ou s’étendre sur toute la vie du bénéficiaire, en fonction des termes prévus par le contrat.

Indemnités en cas de PTIA selon la convention collective nationale

Dans la majorité des régimes de prévoyance, la perte totale et irréversible d’autonomie (PTIA) est assimilée au décès. Elle correspond à une invalidité totale, empêchant définitivement le salarié de poursuivre toute activité professionnelle, et nécessitant l’aide d’un tiers pour accomplir les actes de la vie courante.

Le montant versé en cas de PTIA correspond, en général, à celui prévu en cas de décès. Les conditions de déclenchement et les modalités de versement sont définies par la Convention Collective Nationale (CCN) applicable ou par les clauses du contrat en vigueur dans l’entreprise.

Particularité des contrats article 83 du code général des impôts

Les contrats dits « article 83 », régis par le Code général des impôts, relèvent d’un régime de retraite supplémentaire à cotisations définies. Bien qu’orientés vers la constitution d’un revenu complémentaire pour la retraite, ces contrats peuvent également inclure certaines garanties en matière de prévoyance, notamment en cas de décès survenant avant le départ à la retraite.

Dans ce cadre, les capitaux ou rentes versés bénéficient d’un régime fiscal favorable, tant pour l’entreprise que pour les ayants droit. Une bonne compréhension des aspects fiscaux liés à ces contrats est indispensable lors de l’élaboration d’un dispositif de prévoyance cohérent avec les besoins des salariés et les objectifs de l’employeur.

Couverture des risques d’incapacité temporaire de travail

L’incapacité temporaire de travail constitue un risque pris en charge par les régimes de prévoyance cadre et non-cadres. Cette garantie a pour finalité de pallier la diminution de ressources en cas d’arrêt de travail prolongé lié à une maladie ou à un accident.

Indemnités journalières complémentaires à la Sécurité sociale

En cas d’arrêt de travail, la Sécurité sociale prend en charge une partie de la rémunération sous forme d’indemnités journalières. Cependant, ces versements demeurent limités et ne couvrent qu’une fraction du salaire. La prévoyance collective intervient alors en complément, afin de reconstituer partiellement ou intégralement la rémunération du salarié pendant cette période.

Le montant des indemnités complémentaires est habituellement déterminé en pourcentage du salaire de référence, déduction faite des prestations versées par la Sécurité sociale. L’objectif est de garantir un revenu global (Sécurité sociale et prévoyance) équivalant à une proportion élevée du salaire net, pouvant atteindre 80 % à 100 %, selon les modalités prévues dans le contrat collectif.

Délai de carence et durée maximale d’indemnisation

Les garanties prévoient généralement un délai de carence, c’est-à-dire une période au début de l’arrêt de travail durant laquelle les indemnités complémentaires ne sont pas encore versées. Ce délai varie en fonction de l’origine de l’arrêt (maladie, accident d’origine professionnelle ou non professionnelle) et des dispositions conventionnelles applicables.

La durée pendant laquelle les indemnités sont versées constitue un autre paramètre à prendre en compte. Cette durée peut s’étendre de quelques mois à plusieurs années. Lorsque l’état de santé du salarié ne permet pas la reprise d’activité au terme de cette période, d’autres dispositifs, tels que l’invalidité, peuvent alors être sollicités.

Cas particulier des arrêts maladie liés à la maternité

Les arrêts maladie liés à la maternité font souvent l’objet de dispositions particulières dans les contrats de prévoyance collective. De nombreux régimes prévoient le versement de la totalité du salaire pendant toute la durée du congé maternité légal, en complément des indemnités versées par la Sécurité sociale.

Cette mesure vise à garantir une stabilité financière aux salariées pendant cette période, en contribuant à l’équilibre entre vie professionnelle et vie familiale.

La prise en charge de l’incapacité temporaire de travail par les dispositifs de prévoyance collective permet ainsi d’assurer une continuité de revenus et de préserver la situation financière des salariés en cas de problème de santé.

Protection contre l’invalidité permanente

L’invalidité permanente constitue un risque majeur pour les salariés, pouvant affecter gravement leur capacité à générer des revenus sur le long terme. Les dispositifs de prévoyance collective prévoient des protections en réponse à cette situation.

Rentes d’invalidité de 2e et 3e catégories

Les contrats de prévoyance collective incluent généralement le versement de rentes pour les salariés atteints d’une invalidité permanente. Ces rentes sont déterminées en fonction du degré d’incapacité reconnu par la Sécurité sociale, qui distingue trois catégories d’invalidité :

  • 1re catégorie : invalidité permettant de maintenir une activité réduite
  • 2e catégorie : invalidité rendant impossible l’exercice de toute activité professionnelle
  • 3e catégorie : invalidité nécessitant l’assistance d’une tierce personne pour les actes de la vie quotidienne

Les rentes versées complètent les pensions d’invalidité de la Sécurité sociale, notamment pour les 2e et 3e catégories. Leur objectif est de maintenir un revenu équivalent à celui du salarié avant l’incapacité, malgré l’impossibilité de travailler.

Maintien des protections santé pour les invalides

En plus des rentes d’invalidité, plusieurs contrats de prévoyance collective prévoient la continuité des couvertures santé pour les salariés reconnus invalides. Cette mesure est particulièrement pertinente car les personnes invalides ont souvent des besoins de soins élevés, tandis que leurs revenus diminuent.

Cette couverture permet de garantir l’accès aux soins de qualité, sans augmentation de la cotisation en raison de leur changement de situation. Cela contribue à préserver leur qualité de vie et leur bien-être.

Dispositif de portabilité des droits selon l’ANI de 2013

L’Accord National Interprofessionnel (ANI) du 11 janvier 2013 a instauré un système de portabilité des droits en matière de prévoyance. Ce dispositif permet aux salariés quittant leur entreprise (hors faute lourde) de continuer à bénéficier des garanties prévues, pendant une période pouvant aller jusqu’à 12 mois.
Ce droit de portabilité s’applique également aux protections liées à l’invalidité, assurant ainsi une couverture prolongée pour les anciens salariés en recherche d’emploi. Le financement de cette portabilité est assuré par l’employeur, sans coût supplémentaire pour le salarié. De plus, contrairement à l’ANI de 2008, l’ANI de 2013 ne prévoit plus de droit à renonciation, sauf si le salarié choisit expressément d’y renoncer dans un délai de 10 jours suivant la cessation de son contrat de travail.​

Garanties par secteur d’activité

Les garanties de prévoyance collective peuvent varier en fonction des secteurs d’activité, selon les risques et les besoins propres à chaque profession. Certains secteurs ont mis en place des régimes de prévoyance adaptés à leurs particularités.

Prévoyance renforcée dans le BTP avec PRO BTP

Le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) se distingue par des risques professionnels élevés. En réponse à ces particularités, le groupe PRO BTP a instauré un régime de prévoyance renforcé. Ce régime inclut des garanties étendues en cas d’accident de travail ou de maladie professionnelle, avec des indemnités plus élevées et des services d’accompagnement dédiés.

Par exemple, les contrats PRO BTP prévoient des capitaux décès majorés en cas d’accident du travail, ainsi que des rentes d’éducation pour les enfants des salariés décédés dans l’exercice de leurs fonctions.

Particularités du régime AGIRC-ARRCO pour les cadres

Les cadres bénéficient d’un régime de prévoyance adapté, instauré par l’Accord National Interprofessionnel (ANI) du 17 novembre 2017, succédant à la Convention Collective Nationale des cadres du 14 mars 1947. Cet accord impose aux employeurs de financer une cotisation obligatoire de 1,50 % de la tranche 1 du salaire brut, limitée au plafond de la Sécurité sociale, soit un maximum de 3 925 € par mois en 2025.

Cette cotisation, entièrement à la charge de l’employeur, doit être affectée par priorité à la couverture du risque décès, avec un minimum de 0,76 % du salaire brut. Les entreprises ont la possibilité d’étendre cette couverture à d’autres risques tels que l’incapacité ou l’invalidité, en fonction des modalités prévues dans le contrat collectif en vigueur.

Couvertures adaptées aux professions libérales par la CIPAV

Les professions libérales, bien que souvent exercées en indépendant, peuvent également bénéficier de régimes de prévoyance collective. La Caisse Interprofessionnelle de Prévoyance et d’Assurance Vieillesse (CIPAV) propose ainsi des couvertures adaptées aux singularités de ces professions.

Ces régimes tiennent compte des particularités de l’exercice libéral, comme la fluctuation des revenus ou l’absence de salaire fixe. Ils proposent des garanties modulables, permettant à chaque professionnel de choisir un niveau de couverture en fonction de ses besoins et de sa situation.

Aspects juridiques et fiscaux de la prévoyance collective

La mise en place d’un régime de prévoyance collective repose sur un ensemble de règles juridiques et fiscales précises. Les employeurs doivent faire preuve de vigilance afin de respecter les textes en vigueur, en tirant parti des avantages prévus par la législation.

Obligations de l’employeur selon la loi Evin de 1989

La loi Evin a établi un socle réglementaire pour les garanties de prévoyance. Elle oblige notamment les employeurs à :

  • Informer les salariés sur les garanties souscrites ;
  • Conserver les garanties au bénéfice des anciens salariés percevant une rente d’incapacité ou d’invalidité ;
  • Mettre à disposition une couverture décès pour ces anciens salariés ;
  • Permettre aux personnes quittant l’entreprise de continuer à bénéficier de la couverture santé, à titre individuel et à leurs frais.

Ces dispositions visent à assurer une continuité de protection, même en dehors du cadre contractuel initial.

Traitement social et fiscal des cotisations patronales

Les cotisations patronales versées au titre de la prévoyance collective bénéficient d’un traitement social et fiscal avantageux, sous certaines conditions. Ces avantages constituent une incitation pour les entreprises à mettre en place des régimes de prévoyance solides.

Du point de vue social, les cotisations patronales sont exonérées de charges sociales dans la limite du montant le plus faible entre :

  • 6 % du plafond annuel de la Sécurité sociale (PASS),
  • 1,5 % de la rémunération annuelle brute du salarié, avec un plafond global de 12 % du PASS.

Sur le plan fiscal, ces cotisations sont déductibles du bénéfice imposable de l’entreprise, dans les mêmes limites que l’exonération sociale.

Il est nécessaire de souligner que ces cotisations patronales restent soumises à la CSG et à la CRDS.

Sur le plan fiscal, les cotisations patronales sont également déductibles du bénéfice imposable, dans les mêmes limites que l’exonération sociale. Ce dispositif constitue un point intéressant pour les entreprises souhaitant sécuriser leurs collaborateurs en maîtrisant leur fiscalité.

Contentieux liés au non-respect des garanties minimales

Un contrat mal paramétré ou non conforme aux conventions applicables peut engager la responsabilité de l’employeur. Les litiges les plus fréquents concernent :

  • L’absence de régime alors qu’une obligation conventionnelle existe ;
  • Des garanties inférieures aux niveaux prévus par la convention collective ou l’accord de branche.

Dans ce cas, l’entreprise peut être contrainte de compenser elle-même les sommes non versées par l’assureur, ou de verser des dommages à ses salariés.

La prévoyance collective, en plus de renforcer la protection sociale des salariés, impose aux employeurs une vigilance constante pour respecter le cadre légal et tirer parti des dispositifs fiscaux en place.

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